Mon étrange lien entre ce voyage et le temps

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Il est évident que ce voyage m'apprend des choses. Parfois c'est évident — comment bien préparer son sac pour un voyage en avion — parfois c'est + subtil. Il m'a fallu plusieurs jours voire semaines pour découvrir que ma relation au temps avait changé.
Tout d'abord pour pouvoir vous conter un peu cela, je dois me remémorer un peu une journée de travail habituelle que je pouvais avoir. Déjà je dois dire que la période de l'année me faisait varier l'humeur : j'étais généralement + morose en hiver. La météo + maussade et la nuit omni-présente en dehors des horaires de bureau influencent négativement notre ressenti. Aussi je dois dire que mon rapport à l'heure était assez particulier ; de nature couche-tard, j'arrivais plutôt tardivement au travail — comprendre après 9h. Cela ne m'a jamais dérangé dans mon organisation du travail mais je me suis toujours demandé si c'était vraiment bon pour la santé. Aussi j'ai très vite abandonné l'usage d'une montre. La raison la plus évidente est que cela me dérange pour taper au clavier de l'ordinateur mais aussi parce que les horloges sont déjà omniprésentes autour de nous.

Et je dois dire que toutes ces notions ont été bouleversées lorsque j'ai commencé à voyager.

Déjà, je me suis mis à porter systématiquement une montre. Plusieurs raisons. Premièrement, mon smartphone n'est pas toujours accessible, parfois éteint pour sauvegarder la batterie et dans certains endroits, il a beau ne coûter qu'environ 130€, cela reste un objet de valeurs. Ensuite, cela m'aide à gérer le décalage horaire sur certains vols : la montre avec l'heure locale à destination et le smartphone avec l'heure locale au départ (et qui se synchronisera une fois connecté au réseau à l'arrivée). Et puis il y a beaucoup de rendez-vous nécessitant d'être ponctuel : enregistrement, embarquement, décollage, transport, départ de tour organisé, durée autorisée lors d'une pause pipi en bus, heure du coucher du soleil, horaire du check-out… Bref, beaucoup de motivations pour porter une montre, ce qui a tranché avec ma façon d'être auparavant.
Cependant je nuance un peu : en cette période de travail à la ferme en WorkAway, je me retrouve à ne plus utiliser de montre. Cela ne sert à rien de compter son temps, seule la nature nous dicte les horaires :

  • les cochons sont nourris au plus tôt dans la journée ;
  • on prépare à manger quand les estomacs s'expriment ;
  • on ne regarde pas le temps passé à une tâche — on l'effectue tant que c'est nécessaire et que l'on a encore l'énergie pour y travailler ;
  • les activités à l'extérieur se termine quand le soleil se couche.

Durant ce voyage, j'ai eu la chance de n'avoir que rarement un horaire imposé de lever. On est +/- en vacances permanente (bien que cette notion soit très nuancée car comme je l'ai déjà dit, on reste très actif au cours de nos journées et très particulièrement durant cette période de WorkAway) et pouvoir se réveiller quand on veut est assez agréable. Sauf que, ce n'est pas vraiment le cas ! Je ne sais pas pour quelle raison mais bien que ne programmant pas d'alarme pour me lever, je me réveille naturellement tous les matins à peu près à la même heure, vers le moment du lever du soleil. C'est à la fois pratique mais aussi inconvenant. D'un côté je sais que je n'ai pas besoin d'alarme et enlever cette contrainte est réellement agréable mais parfois je manque de sommeil — j'arrive à compenser cela avec une sieste dans la journée mais ce n'est pas toujours évident.
Enfin, j'espère que cette façon de dormir + naturellement va me rester, en particulier lorsque je reprendrais le travail.

Puis, ma notion du temps qui est la plus impressionnante c'est celle du « temps large ». C'est à dire non pas la gestion des heures et minutes ou le moment où débute ou se termine une journée. Non, je parles de savoir quel jour de la semaine on est, dans quel mois sommes nous et quel est la saison actuelle.
Lorsque tous les jours sont chômés, il n'y a ni week-end ni semaine. Ainsi on s'est retrouvé surpris à payer un supplément à l'entrée d'un parc naturel (celui de Ijen/Bromo) car c'était dimanche. On arrive en réfléchissant à se rappeler quel jour nous sommes mais cela demande parfois un certain effort. Cela nous a valu plusieurs fois des mauvaises évaluations de séjour dans des hotels (3 fois : Mersing, Melbourne, et ???).
Pour le mois, c'est un peu pareil ; on l'oublie assez souvent mise à part lorsqu'il est nécessaire de connaître la date. Nous sommes aujourd'hui le premier jour de mai et cela semble un peu surprenant. À part un anniversaire important et Pâques (vécu de loin en mangeant simplement une barre chocolatée :-) ), pas grand chose ne me rappelle qu'avril est terminé…
Et puis le pire c'est, je crois, pour les saisons. Plus particulièrement lors de nos pérégrinations en Asie où le climat était particulièrement chaud, il est difficile de savoir à quelle période de l'année se raccrocher. Et puis en Australie on se retrouve dans l'hémisphère sud alors tout est retourné ; le printemps commence en France — donc j'imagine les bourgeons, les fleurs et la nature qui re-verdit — ici c'est l'automne — avec ses feuilles mortes, son temps pluvieux et les jours qui raccourcissent.

Je savais que des nouvelles notions allaient venir avec ce voyage. Et je peux ainsi dire que mon appréhension du temps, tant au sens simple que plus large, a foncièrement changée.

Classé dans : Réflexion - Rédigé par Pierrot

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